
carnet d’exploration
Immersion photographique à Kabadio au Sénégal
Sois le/la bienvenu.e au cœur de l’Afrique subsharienne, en pleine Casamance et à quelques kilomètres de la Gambie. C’est là que j’ai réalisé un rêve longtemps gardé secret : offrir du temps pour développer ma vision artistique. Je t’emmène dans ce voyage teinté par le vivre ensemble, la générosité et le partage.
Départ imminent pour Kabadio
Kabadio, c’est l’un de ces villages empreints d’une douceur de vivre. Une route pas encore asphaltée, des vies tournées vers l’extérieur et le lien à l’autre. Ici, le temps n’a pas la même couleur. Il se dilue dans la poussière ocre, dans les silhouettes qui bougent dès l’aube, dans les regards qui s’entrecroisent.
Dans ce décor vibrant de vie, je me suis sentie attendue. Comme photographe. Comme témoin. Et cette confiance m’a offert un espace rare : celui d’exister dans ma pleine expression. J’ai renoué avec ce qu’est la photographie originelle : un témoignage d’une époque, un souvenir pour l’éternité.


Dans le silence de nos sensations, naît ce lien précieux avec le vivant, là où tout se ressent avant de s’ancrer comme une exultation.
Je me souviens de ces premiers instants où les journées glissent entre chaleur grisante et lumière mouvante. En marchant, en discutant, en observant les gestes du quotidien, je me sens traversée. J’étais là, au milieu du vivant. En train de capter ce que je ne comprenais pas encore, mais que je ressentais pleinement. Dans ce temps suspendu, à la veille de la Korité, tout semblait battre au rythme d’un souffle plus lent. C’est là que j’ai laissé mon corps ralentir. Et mon regard s’ouvrir.





La communion ne s’explique pas.
Elle se ressent, dans la joie simple d’être ensemble.
C’est la journée de la Korité, la célébration de la clôture du Ramadan. Le matin même, ma tenue m’attendait. Je me suis sentie honorée du soin apporté par cette confection sur mesure. Unie à mes compagnons de voyage, nous avons rejoint les familles du village & l’imam sur le chemin menant à la grande place. On marchait, portés par une joie douce et enivrante. Sous l’arbre sacré, je me suis tue. Intimidée par la foule. Touchée par l’instant. La prière a commencé. Des centaines de personnes se sont accordés dans un même souffle. Je regardais, en silence. Émerveillée par la puissance du collectif.






Il y a dans l’action communautaire une force qui dépasse les gestes. Quelque chose d’invisible, qui relie les cœurs autant que les mains.
La magie de Kabadio, c’est d’être ensemble, au sens le plus incarné. Vivre côte à côte, dehors, devant les maisons. Partager les gestes du quotidien — cuisiner, nettoyer, prier. Une entraide silencieuse, naturelle. J’ai été témoin de cette communion simple et puissante, et quelque chose en moi s’est déposé. Un déclic. Sur notre façon en Europe de nous replier derrière nos murs. Et cette question qui résonne encore : à quel moment avons-nous oublié que le lien était une forme de soin ?





Les plus grandes transformations commencent souvent à petite échelle. Là où l’on soigne, là où l’on relie. Là où les initiatives locales deviennent des semences d’avenir.
Il y a dans ce village des gestes qui disent tout. Un homme qui distille les plantes avec passion. Des initiatives qui prennent soin du vivant. Ici, l’impact ne se crie pas. Il se vit. Avec humilité. Avec cœur. Dans l’attention portée à la terre, à la santé, à l’éducation. Un quotidien tissé de générosité. Je crois aux initiatives locales bien plus qu’aux discours mondialistes. Car dans cette proximité, il y a une seule vérité : accompagner sans imposer.





Immersion photographique à Kabadio
Ce que les gestes racontent du cœur
À travers ces images, je t’invite à ressentir cette chaleur invisible : celle du lien, du collectif, de la vie partagée où les regards se croisent et les sourires se répondent.

Parfois, ce que l’on croyait être une peur, n’était que l’attente d’une version de soi prête à émerger.
Il m’aura fallu 10 jours pour passer de celle qui doute être fière de ses photos, à celle qui se sent profondément artiste. Je crois que ce n’est pas une étiquette qu’on revendique. Mais davantage un espace intérieur que l’on habite. C’est oser regarder le monde avec ses propres yeux pour exprimer une vérité intime. C’est accepter que ce qu’on crée est le reflet de ce qui nous traverse, de ce qui nous bouleverse. Je suis prête à partager ma vision du monde, ce qui m’émeut, ce qui me touche.
Et pourtant, il y a eu aussi ce que je n’ai pas réussi à montrer. Cette distance entre le monde des femmes et celui des hommes. J’ai senti la barrière. Mais je n’ai pas su la raconter. Pas encore. Il me faudra prendre le temps d’écouter, de comprendre, avant de juger. Et pourtant, je ne peux ôter de ma mémoire cette scission si marquée, sur laquelle je peine encore à cesser de projeter, mes pensées et ma quête de liberté.


une expérience proposée par
Adrien Scat
Photographe et vidéaste engagé, Adrien a imaginé “Créateurs d’Impact” comme un espace pour donner du sens à nos images et raconter des histoires qui touchent vraiment. Cela fait cinq ans qu’il retourne régulièrement à Kabadio, ce village vibrant entre brousse, mangrove et océan. Pendant ces 10 jours hors du temps, tout était guidé par un fil invisible : celui du lien, de la présence, et du regard sincère. Je suis profondément reconnaissante à Adrien pour avoir créé cet espace où l’art se mêle à l’humain avec tant de justesse.
une expérience rendue possible grâce à
Bindoula & l’association Permakabadio
A Bindoula, j’ai ressenti la chaleur d’un foyer partagé, où chaque geste est empreint de générosité. C’est ici que nous avons logé pendant toute l’immersion. Un espace communautaire où vivent des familles de Kabadio et des volontaires engagés dans des actions orientées vers la Santé, l’Éducation et l’Environnement via l’association Permakabadio. Comme certains aiment l’appeler, Bindoula c’est la famille élastique : ce lieu où cohabitent différentes cultures, reliées par une même vision — celle que le vivre ensemble est la plus belle des valeurs. J’ai une pensée toute particulière pour Benjamin qui a créé ce cocon il y a 25 ans. Un lieu à son image : nourri par la générosité, l’ouverture d’esprit et la simplicité.

Je suis si reconnaissante d’avoir vécu cette immersion. Ce voyage m’a permis de mettre de la clarté sur ce qui m’anime profondément. Contribuer à plus grand que moi. Être un maillon d’une chaîne invisible mais essentielle. Je ne cherche pas à vibrer seule, je cherche à vibrer juste, à relier les mondes par ce que je vois, ce que je crée, ce que je ressens.
J’espère que ces mots, ces images, ces fragments de vie t’auront touché.e. Peut-être t’auront-ils donné envie de regarder autrement. De te demander ce qui, pour toi, compte vraiment. Le lien. La présence. La façon dont on choisit d’habiter le monde et de se relier à ce qui nous entoure. Avec amour, toujours.
pour aller plus loin

Quelle joie de te lire, de lire ce séjour à travers ton ressenti, tellement juste et sincère, qu’elle joie d’avoir pu te rencontrer, d’avoir pu aussi en toute humilité de permettre de vivre ça au cœur de mon cœur qui bat pour vous tous. Merci
Merci pour tout Benjamin, un plaisir partagé d’avoir été dans ce lieu unique et avec le privilège de t’avoir à nos côtés ! Longue vie à Bindoula et Permakabadio ❤️